Le restaurant « Inzia », situé en plein du Quartier Matonge, a servi, vendredi 19 avril, de cadre à la présentation des candidats du parti socialiste francophone (PS), d’origine subsaharienne, aux élections régionales et législatives prévues le dimanche 26 mai prochain. Les candidats subsahariens sont là: Philippe Boïketé (Tchad), Béa Diallo (Guinée Conakry), Cellou Satina Diallo (Guinée Conakry), Ghislaine Molaï (RDC), Lydia Mutyebele Ngoi (RDC), Denis Nanga, Colette Njongang (Cameroun). La Congolaise Dorah Ilunga n’est pas candidate.
La ville de Bruxelles compte 184 nationalités différentes, aime rappeler le bourgmestre Philippe Close qui occupe la place n°72 pour soutenir la liste des candidats au niveau de la Région Bruxelles-Capitale. Quel est le but de cette rencontre.
Candidate aux élections régionales, Lydia Mutyebele Ngoi, conseillère communale à Bruxelles, explique: « L’objectif était de montrer que nous sommes dans un parti politique où tout le monde est le bienvenu. Nous sommes là pour montrer que le PS est multiculturel. Nos têtes de liste sont venus nous soutenir et montrer que nous n’avons pas été insérés sur les listes justes pour la décoration ».
ATTRAPES-VOIX?
Les « mauvaises langues » ont tendance à alléguer que les partis belges ne font appel aux subsahariens que comme des « attrapes-voix ». « Lydia » bondit littéralement de sa chaise: « Ce sont des termes éculés. Je ne me suis jamais considérée comme une attrape-voix. Je le serai le jour où les membres de ma communauté décideront de ne plus se mobiliser et de bien voter ». Selon elle, dans le « hit parade » des communautés étrangères, les Congolais de Kinshasa viennent juste après les Maghrébins.
Premier échevin à Ixelles, le Guinéen Béa Diallo (à droite sur la photo) d’enchaîner: « L’objectif de cette rencontre consiste pour le PS à rassembler sa ‘diversité’ qui existe à Bruxelles. Il s’agit de montrer que nous travaillons ensemble pour permettre aux candidats d’origine africaine de faire leur entrée au niveau du Parlement régional et fédéral et au niveau européen ».
« Lydia » de revenir à la charge: « Nous sommes ici pour demander à la communauté de se concentrer et de voter pour un bon parti. Comme Béa [Diallo] l’a dit, il n’est normal qu’il soit l’unique Subsaharien présent au Parlement bruxellois ». A en croire la candidate Mutyebele Ngoi, « le PS a eu une bonne politique en matière de l’emploi ». Le parti a un bon bilan durant les cinq dernières années.
« Doyenne » des candidates congolaises, la Schaerbeekoise Ghislaine Molaï Kwakaïbi se présente cette fois aux législatives. Et ce après quatre tentatives infructueuses aux régionales ainsi qu’aux communales. « La commune de Schaerbeek ne compte pas beaucoup de nos compatriotes subsahariens. Il n’y a aucun élu originaire de l’Afrique noire au Conseil communal de Schaerbeek », commente « Mama Molaï », comme l’appellent affectueusement ses compatriotes. « Ghislaine » est suppléante à la Chambre de représentants.
« PAS DE COALITION PS/N-VA »
Contrairement à la loi électorale congolaise qui demande à chaque candidat aux législatives et aux sénatoriales d’avoir deux suppléants, en Belgique c’est tout à fait autre chose. La candidate suppléante explique: « En Belgique ça ne fonctionnement pas comme au Congo-Kinshasa. Ici, les membres du gouvernement sont choisis parmi les candidats effectifs ». Le parlementaire qui « monte » au gouvernement « libère » une place à la Chambre pour le suppléant en ordre utile. Ainsi de suite.
Ghislaine Molaï et les autres candidats croisent donc les doigts afin que le PS figure dans la prochaine majorité parlementaire au niveau fédéral. Problème, les socialistes francophones ont fait savoir leur refus de coaliser avec les nationalistes flamands de la N-VA. « Notre famille politique ne veut pas de la N-VA parce qu’elle passe son temps à tout détricoter au niveau fédéral », souligne Molaï.
Dans le quotidien « Le Soir » daté du 7 avril dernier, le président du PS, Elio di Rupo, ne dit pas autre chose: « Le prochain gouvernement fédéral ce sera avec la N-VA sans le PS, ou le PS sans la N-VA ». Pour « Elio », il est possible de former le gouvernement fédéral sans la N-VA. Il rêve d’un gouvernement « le plus progressiste possible ». Entendez: un gouvernement de centre-gauche.
Dans le programme du PS, on pourrait retenir ces quelques priorités: réduire les inégalités, lutter contre la fraude fiscale, adopter une taxe sur les grandes fortunes, favoriser par des dispositifs publics l’émergence et le développement d’initiatives qui poursuivent l’intérêt général, tenir compte du caractère pénible de la profession pour le départ à la retraite, fixer la pension minimum pour une carrière complète à 1.500 €, rendre à l’Etat un rôle d’acteur économique en plus de celui de régulateur.
Le 19 avril dernier, plusieurs personnalités belges étaient présentes chez « Inzia »: Rudy Vervoort (Ministre-président Région Bruxelles-Capitales), Philippe Close (bourgmestre de Bruxelles), Emir Kir (bourgmestre de St Josse), Ahmed Laaouej (député fédéral et bourgmestre de Koekelberg). Rendez-vous est pris pour le dimanche 26 mai.
B.A.W. / Congo Indépendant