La solidarité, c’est aider chacun à porter le poids de la vie et à la rendre plus facile a dit Henri-Frédéric Amiel (écrivain et philosophe suisse)
En effet, le 6 février dernier, la Turquie et la Syrie étaient frappés par de violents séismes. Les derniers bilans officiels font état de plus de 50.000 morts et de millions de sinistrés. Les besoins en aide humanitaire dans la région étant urgents, la Belgique avait décidé de mobiliser en Turquie, B-FAST (Belgian First Aid & Support Team), le dispositif interdépartemental qui organise l’envoi des secours d’urgence belges à l’étranger.
En outre, Saint-Josse n’étant pas en reste, une collecte de dons à votre initiative en collaboration avec les associations locales avait été organisée au quotidien afin d’organiser au mieux les aides à apporter aux familles sur place. D’ailleurs, celle-ci s’est achevée le samedi 11 mars dernier.
Dès lors, je souhaiterais vous poser les questions suivantes:
- A plus d’un mois après ces événements, pourriez-vous nous donner un aperçu détaillé des initiatives prises par votre administration dans le soutien aux populations sur place ainsi que le bilan de toutes ces actions?
Je vous remercie d’avance pour vos réponses.
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Réponse
Bourgmestre Emir Kir
Je vous remercie Monsieur le Conseil communal pour cette interpellation concernant un drame qui continue à se vivre dans deux pays qui nous sont chers puisque l’immigration turque dont je suis moi-même issu est présente en Belgique depuis bientôt maintenant 60 ans. Nous avons une importante communauté aussi syrienne sur le territoire et ces deux communautés ont été évidemment bouleversées et au-delà de ces deux communautés, c’est le monde entier qui a été bouleversé.
Je pense qu’au-delà des guerres, c’est probablement l’une des plus grandes tragédies humaines qui se vit actuellement. Vous l’avez rappelé, c’est des dizaines et des dizaines de milliers de morts et c’est plusieurs millions d’habitants qui sont sinistrés. Alors le premier jour qui a suivi le séisme, nous avons, évidemment, organisé une réunion. C’était le jour même d’ailleurs. Le jour même du séisme, nous avons organisé une réunion dans cette salle.
Je tiens d’ailleurs à remercier le Président du CPAS, l’Echevine des Affaires sociales pour leur soutien également. Nous avons rencontré une centaine de personnes issues de la Communauté turque et syrienne; et très vite, nous avons décidé de mettre en place un centre de collectes de dons.
Nous n’avions pas encore à ce moment-là les éléments pour savoir comment nous allions pouvoir les acheminer mais nous nous sommes mis à travailler d’arrache-pied donc c’est un centre communal qui a fonctionné pendant cinq semaines et qui a permis d’envoyer, énormément de dons.
Les dons ont été évidemment, euh, été avec les autorités turques puisque le territoire syrien était inaccessible en raison de la guerre et d’ailleurs les frontières étaient fermées au début du tremblement de terre. Dans la foulée, il y a à peu près trois cents bénévoles qui ont travaillé, je dirais pendant des jours et des jours; et c’est quasi nuit et jour pour venir aider.
Je voudrais aussi associer à mes remerciements, en plus des bénévoles, Safa Akyol, qui n’est pas présent aujourd’hui, qui est souffrant, qui a travaillé d’arrache-pied aussi avec tout son entourage, c’est notre conseiller communal.
Je pense aussi aux écoles qui ont été solidaires sur le territoire mais bien au-delà les hôpitaux, les particuliers, les entreprises, les universités, les cultes, les artistes, les centres de jeunes, les cercles d’étudiants, venus de Saint-Josse mais aussi de Bruxelles, Wallonie, de Flandres.
Je voudrais aussi remercier Ludivine Dedonder, la Ministre de la Défense. Les dons ont été acheminés vers la Turquie, via la Turquie vers la Syrie également par des camions Tir, par des bateaux, par les vols charters de Turkish Airlines pour ne pas le citer; je crois qu’on ne peut pas le citer mais par la compagnie nationale turque qui a affrété évidemment tous ses avions mais également par un avion militaire du Ministère de la défense, c’est pour ça que j’ai remercié la Ministre de la Défense qui a permis, par exemple, là 11 tonnes de pouvoir arriver tout de suite à Adana dans l’aéroport militaire de Melsbroek-Bruxelles vers Adana dans la région sinistrée. Voilà, tous ces gestes de solidarité ont été nombreux pendant ces cinq semaines mais nous devons évidemment continuer à accompagner ce processus.
C’est la salle Sapiens que nous avons mis immédiatement à disposition des bénévoles. Les drapeaux ont été mis en berne; on a ouvert un registre de condoléances , le jour même; les besoins ont été identifiés avec le Croissant rouge qui est l’équivalent de la Croix-Rouge belge en Turquie et puis donc l’appel aux bénévoles pour le tri et le stockage. Les restaurants de la commune et au-delà la commune ont été solidaires avec tous les bénévoles; ils se sont manifestés spontanément pour offrir des repas pour les bénévoles qui travaillaient depuis très tôt le matin puisqu’on commençait à 9h00 et on terminait à 18h00, 6 jours sur 7, c’était une occupation extraordinaire.
Voilà ce qu’il faut retenir de tout ça, aujourd’hui, d’abord, c’est cette solidarité exceptionnelle; je dirais, on vit une tragédie humaine quelque part dans le monde, et il y a une solidarité qui s’exerce, qui se montre car on est dans le trou mais il y a de la lumière. Il y a l’humain au fond qui se lève et qui se bat , qui est solidaire et ça, il faut vraiment le garder et je pense que c’est l’ADN de notre commune.
A ceux qui nous disaient que nous en avions fait peut-être un peu de trop pour la Turquie, pour la Syrie, je leur dirais que quand bien même, il n’y avait pas eu de plan fédéral pour venir en aide aux sinistrés à Liège, nous l’avons fait pendant cinq semaines, nous avions envoyé des équipes avec du matériel pour aider nos amis liégeois et de la même manière pendant le Covid, là où l’on nous disait là que ce n’était pas à nous à produire des masques en tissu, ou d’ acheter des masques FFP2, nous les avons été les premiers à produire des masques FFP2.
Je pense que ce qui fait aussi l’ADN de la commune de Saint-Josse, c’est cette solidarité vis-à-vis de ceux qui sont en difficulté. A l’entame de ce conseil communal, j’ai encore une fois rappeler toute la solidarité que nous devons aussi avoir avec les gens les plus démunis qui sont sur le territoire et que nous avons encore montré la semaine passée.
Donc, je voudrais dire que cette solidarité a permis quand même de faire passer cette période difficile; on ne pouvait pas rester les bras croisés devant la télé et une nouvelle période s’ouvre à nous; il va y avoir de nombreuses, de nombreux événements, qui vont continuer évidemment à traiter la question notamment avec B-Fast qui a créé pour la Belgique, là-bas, un hôpital de fortune et qui souhaite, aujourd’hui, créer un village pour les familles là-bas qui ont été sinistrées à côté de l’hôpital de fortune.
Voilà, je dirais le genre de partenariat dans lequel la Commune de Saint-Josse va s’engager.
Je ne pense pas qu’il faut être juste dans l’urgence, maintenant, il faut aussi être dans la reconstruction et continuer à porter une attention humaine.
Merci Monsieur Bassambi, encore pour l’intérêt et l’attention que vous portez à cette question.