Interpellation de Monsieur Yves Bassambi au Collège du Bourgmestre et des Echevins concernant « la visite au Musée royal de l’Afrique centrale » au Conseil communal du 30 mars 2022

Fouad Ftouki a dit: « Il faut ouvrir les portes du passé de temps en temps car cela apporte certaines réponses à l’instant présent ».

En effet, le 5 mars dernier, la Commune de Saint-Josse en collaboration avec le PAC (Présence et Action culturelle Germinal Saint-Josse) et la Ligue Ouvrière, le Parti socialiste de Saint-Josse a tenu la 1ière série, des visites décoloniales.

Ces visites menées par Bakushinta asbl auront successivement lieu au Musée royal de l’Afrique centrale à Tervuren et dans la commune de Saint-Josse.

En outre, le thème choisi « Le passé colonial belge » fait suite aux recommandations de la Motion adoptée le 19 mai 2021 au Conseil Communal consacrée aux conséquences du passé colonial belge et aux manières de lutter contre ses effets qui demandaient, entre autres, au Collège du Bourgmestre et des Echevins « d’organiser des cycles de conférences, de formations, d’expositions pour permettre aux citoyens de se réapproprier ce sujet, d’établir un dialogue avec la population et de lutter ainsi contre les Mécanismes de la Propagande coloniale ayant nourri les représentations sur l’Afrique et influencé les rapports entre les populations africaines, la Diaspora et les populations belges ».

Dès lors, je souhaiterais vous poser les questions suivantes:

  • Pourriez-vous nous donner un compte-rendu détaillé de cette journée?
  • Envisagez-vous d’encourager nos écoles à organiser des visites au Musée d’Afrique? Ça serait un moyen de découverte, de partage, et aussi un début de démystification de la propagande coloniale.

Je vous remercie d’avance pour vos réponses.


Réponse

Merci Monsieur le Président, Merci Monsieur Bassambi pour votre interpellation et vos mots!

Je pense que c’est important après les évènements que nous avons eus à Bruxelles, qui ont suivi les événements qui se sont développés aux Etats-Unis, la lutte antiraciste et puis toute la problématique sur la colonisation, on avait souhaité, ici, avec vous avec les membres du Conseil pouvoir en parler.

Il avait été notamment question de retirer les monuments relatifs à la période de colonisation, tout le débat sur Léopold, et un travail d’inventaire a été réalisé au niveau communal.

Alors, il était apparu qu’à Saint-Josse, il n’y avait pas par rapport à cette période du colonialisme des monuments dédiés à Léopold, il n’y a pas de panneaux qui valorisent, je dirais, la colonisation de cette époque. A Saint-Josse, c’est essentiellement les voiries qui ont été créées mais il n’y a pas un endroit, je dirais, où on s’arrête pour faire, je dirais, l’apologie de cette période.

A la suite de nos débats, ici, au Conseil communal, nous avions décidé d’instaurer ensemble des commissions réunies sur le sujet. Ces travaux ont été particulièrement riches d’enseignement et nous avons beaucoup appris au travers de ces auditions. Les experts, des représentants du secteur associatif, nous ont permis de mieux connaître notre histoire, et d’avoir un autre regard de cette histoire.

Et puis nous avions décidé, à la fin de ces travaux, d’attendre les conclusions qui seraient amenées par le niveau régional et le niveau fédéral. On sait qu’une commission a été créée au sein de la Région et une autre au sein du Parlement Fédéral. Au moment où je vous parle, évidemment, nous sommes en attente de ces conclusions. Et je rappelle, ici, une fois qu’on aura les conclusions, bien entendu, il sera proposé, il sera demandé à Muhamet Begaj qui préside cette commission et vous, Monsieur Yves Bassambi, qui en est le Vice-Président de nous réunir à nouveau pour traiter des conclusions, et pour voir un peu quelles suites, nous pouvons donner.

Sans attendre ces conclusions, un homme que nous connaissons fort bien ici, a décidé de prendre les responsabilités, c’est Monsieur Luc Frémal en tant que Président du PAC (Présence Action Culturelle) et aussi de la Ligue Ouvrière, le PS local, il a souhaité dans l’intervalle organiser un cycle de formations pour les élus mais aussi pour les habitants, pour tous ceux qui sont intéressés.

Et c’est dans ce cadre-là que s’inscrit en vérité, cette visite décoloniale au Musée africain à Tervuren. Alors, tout le monde a été invité, je tiens ici à remercier déjà pour leur présence, vous avez entendu, Monsieur Bassambi, il y aura un deuxième acte au Musée Charlier. Et je remercie en plus de Monsieur Bassambi, Monsieur Frémal, qui était présent; il y avait aussi Jean Muhire, Monsieur Lemaire, j’étais moi-même présent et aussi d’autres personnes et habitants de la Commune qui portaient un intérêt.

Donc, nous avons beaucoup appris comme vous l’avez dit au travers de la présentation qui a été faite par l’asbl Bakushinta, et en particulier évidemment Georgina Dibua qui prodigue cette formation.

Pour ceux qui ne connaissent pas cette histoire, c’est vraiment très très intéressant; pour les autres, c’est un complément d’information, moi aussi j’ai appris beaucoup de choses, c’est une forme d’éducation, je dirais, historique sur ce qui s’est réellement passé et c’est pour ça que je pense qu’il faut permettre à un plus grand nombre de pouvoir visiter cette exposition, avec je dirais cette explication.

Alors, il y a aussi, il faut un moment donné qu’aussi la communauté congolaise dans son ensemble puisse retrouver la juste place de son histoire.

Et je pense que ce type d’actions aide. De manière plus générale au niveau de la commune, ce qui est essentiel pour nous, c’est de faire en sorte que l’histoire de l’Afrique ne se limite pas simplement à la colonisation, ce travail est fait actuellement mais qu’on mette aussi en valeur l’Afrique, le Congo au travers de son histoire.

Et à cet égard, je tiens à rappeler que le jumelage avec la ville de Kinshasa, avec Barumbu, les collines de Selembao, nous permette de travailler avec la communauté française, avec l’enseignement à Saint Josse pour évidemment travailler sur un cursus historique, sur les cours d’histoire pour intégrer le cours d’histoire sur l’Afrique, et là je tiens ,ici très clairement, à rappeler le travail qui a été fait par Dorah Ilunga dans ce cadre.

Il y a un travail qui a été lancé au niveau communal, au niveau des écoles depuis 2017-2018, avec les élèves de 3e et 4e secondaire, je ne vais pas en dire plus et je vais demander à notre échevin de l’enseignement de compléter la réponse au nom du Collège pour vous faire un peu un état des lieux de ce qui a été fait et de ce qui est en cours au niveau des écoles. Vous avez compris le ton, nous souhaitons que les enfants de nos écoles puissent aussi s’approprier cette Histoire.


Philippe Boiketé:

Je vous remercie.

Effectivement, Monsieur Bassambi, comme l’a dit le Bourgmestre, c’est un travail qui doit être aussi fait au niveau des écoles, de nouveau, c’est important de pouvoir effectuer ce travail de transmission, ce travail de mémoire finalement alors on s’y emploie dans les écoles depuis maintenant pas mal d’années, on essaie d’associer, de convoquer l’histoire des enfants de Saint-Josse et de leurs aïeux dans toutes les commémorations.

Quand on a fêté les cent ans de la Grande guerre, eh bien, on s’est intéressé au sort de tous ces combattants qui sont venus d’Afrique. On a vraiment travaillé ces questions.

C’est important de rendre à notre jeunesse finalement, une forme de fierté, une forme d’appropriation aussi de ces histoires qui est aussi la leur.

On s’y évertue au niveau du Lycée Guy Cudell, on l’a fait avec une pièce de théâtre Dixit Algorizmi qui a parlé des questions liées à l’âge d’or arabo-musulman alors que d’un côté de la Méditerranée, on était dans l’obscurantisme le plus total alors que de l’autre côté de la Méditerranée, il y avait un foisonnement intellectuel, culturel et donc, c’est toujours dans cette logique là de parler d’histoire mais d’en parler autrement.

On l’a fait aussi très récemment sur les questions coloniales, sur le Congo avec l’asbl Bakushinta et aussi avec l’asbl Change.

Il y a un travail aussi important qui a été réalisé, il y a une exposition qui a été faite aussi. Et ce travail de réflexion, de mémoire a débouché sur une pièce de théâtre qui sera jouée et je pense qu’elle est jouée déjà ce soir, demain, et vendredi, vous êtes évidemment tous invités à assister à cette pièce de théâtre.

Cette pièce de théâtre parle de l’Afrique mais de l’Afrique ante, précoloniale. Quand on regarde les livres d’histoire, quatre-vingts pour cent des livres d’ histoire parle de l’Afrique postcoloniale alors qu’il y a une histoire avant et c’est important de parler de cette histoire, de cette richesse et c’est l’objectif de cette pièce de théâtre et donc on s’y emploie. On s’y emploie dans les écoles, il n’y a pas encore de référentiels mais on y travaille.

Demain, notre conseillère pédagogique va assister donc toute la journée à une formation sur ces questions pour pouvoir aussi ramener de l’input pour nos élèves, pour ce travail de promotion se fait évidemment et continuera et évidemment, on essayera aussi de pouvoir permettre à nos élèves d’assister, donc d’être présents aussi au Musée de Tervuren et de suivre les différentes expositions qui sont organisées là-bas. C’est important aussi de faire ce travail de mémoire.